Je me réjouissais d’aller découvrir M.Turner au cinéma Louxor, magnifique cinéma des années 1920, à Barbès, restauré et réouvert récemment en 2013.
Difficile d’être objective sur ce long métrage..
Passionnée de peinture, je lui trouve bien entendu sa raison d’être car il y a finalement assez peu de films sur la vie des peintres.
L’interprétation de l’acteur principal Timothy Spall est certes magistrale ainsi que la lumière de la photo mettant parfaitement en valeur ce « Peintre de la Lumière », comme on se plaisait à le qualifier.
Un bon moment d’esthétisme en somme… Mais… le scénario est d’une telle platitude ! On n’apprend finalement que très peu de choses sur le peintre et sa vie. J’aurais aimé en découvrir un peu plus sur ses relations avec ses contemporains, en particulier sur ses commanditaires…
En dépit de la grande interprétation de l’acteur Timothy Spall qui traduit parfaitement l’enveloppe rustre et abrupte de l’artiste et son mode de vie particulier, on ne saisit pleinement ni l’importance du travail de l’artiste de son vivant, obsédé par les paysages, ni la perception qu’ont de lui ses contemporains.. Le film le montre dans un milieu très aisé, au cœur de la haute bourgeoisie et de l’aristocratie anglaise.
Enfin, j’arrive à prendre le temps de vous en parler alors que j’ai vu l’exposition au Grand Palais, il y a bien 2 semaines maintenant… mais j’attendais aussi de lire la biographie d’Elisabeth Reynaud : Niki de Saint-Phalle « Il faut faire saigner la peinture ! ».
Quand on ne connaît pas ou peu Niki de Saint-Phalle, on pense que ses « Nanas » respirent la gaieté, la sensualité et l’épicurisme. Cette opulence de couleurs et de matières brillantes envahit l’espace telles les sculptures de Gaudi à Barcelone. Ces matrones, qui s’apparentent aux « Déesses mères » du Paléolithique, nous emportent dans un tourbillon de ‘une gaieté, si l’on creuse la vie de l’artiste, est feinte et traduit certainement de profondes douleurs…
Traumatisée par un viol paternel, Niki de Saint-Phalle, artiste comme l’on dit « bien née » mais profondément rebelle, n’aura de cesse de s’affranchir de l’hypocrite « bienséance » de son milieu (fille d’un aristocrate français André de Saint-Phalle et d’une riche héritière américaine Jacqueline Harper) et d’exorciser le poids de ce viol.
En ce moment, je suis à fond Borgia ! L’exposition « Les Borgia et leur temps » au Musée Maillol, Borgia l’ultime Saison (3) sur Canal+, le Hors-série de Connaissance des Arts… Je m’apprête même à racheter Le Prince de Machiavel qui a été inspiré par la vie trépidante de ce « suractif » et grand guerrier que fut Cesare Borgia, fils reconnu du Pape Alexandre VI (né Rodrigo Borgia) et frère de la non moins célèbre Lucrèce Borgia.
En 1492, Rodrigo Borgia accède à la plus haute distinction qui soit : La Papauté. Pape dépravé et cupide, il a le goût du pouvoir et l’esprit de conquête dont le bras armé sera Cesare Borgia en vue de l’unification des Etats Pontificaux. Pour assurer la position du Saint-Siège, menacé par les appétits des Etats voisins, il œuvre aussi par le biais d’alliances matrimoniales comme le mariage de Lucrèce avec un Sforza de Milan et et son fils Geoffroi à une fille du Roi de Naples. Lucrèce ne fut pas l’indigne femme décrite par Victor Hugo quelques siècles plus tard, mais vraisemblablement un véritable jouet entre les mains de Rodrigo et Cesare pour assouvir leur soif de pouvoir…
Rodrigo Borgia fut un grand mécène qui s’entoura d’artistes pour relayer sa parole et sa magnificence, au moment où le crépuscule du Moyen Âge laissa la place à un monde humaniste nouveau : la Renaissance.
De son Italie d’adoption à l’Espagne de ses origines, Alexandre VI aura été l’initiateur de nombreuses commandes picturales et architecturales dont la restauration du château Saint-Ange et la venue de Michel-Ange qui sculptera d’ailleurs La Pietà sous son pontificat. Redoutable stratège politique et militaire, Cesare qui le suit dans cette voie prend, entre autres, Léonard de Vinci pour proche conseiller : un mécénat à la gloire du « Prince ». Lucrèce, par son dernier mariage Duchesse de Ferrare, s’entoure quant à elle d’artistes, de musiciens et de poètes au sein d’une cour brillante.
Entre Violence, Luxure et Diplomatie… où se situe la frontière de la Magnificence ?
1/ ABK : votre carrière est étonnante : comment saute-t-on le pas du journalisme « Culture/Luxe/Mode » à la Création artistique proprement dite ?
J’ai beaucoup aimé couvrir la culture et la mode pendant plus d’une décennie. Cela s’inscrivait dans une certaine logique car j’ai fait mon premier stage à 15 ans au cœur de la maison Hermès qui allie les trois notions que vous évoquez. J’aimais aussi énormément « l’enfant terrible » de la mode, a.k.a Jean-Paul Gaultier, et je m’initiais à l’art contemporain par plaisir. Finalement, que j’écrive sur l’art et la mode et que je finisse par créer peut être perçu comme la continuité d’un goût cultivé depuis que je suis en âge d’en avoir. En outre, déjà à l’époque où je travaillais dans le médias, j’avais bousculé les limites du métier en sautant le pas de l’écriture à la photo. J’illustrais mes propres reportages et parfois même celui d’autres journalistes. Ma première exposition était sur Tokyo en 2005. C’était de la photo argentique…
2/ Vous êtes une artiste profondément engagée : pourriez-vous nous apporter un éclairage sur la nature de l’engagement véhiculé dans vos œuvres ?
Je conçois l’art comme un prolongement de ce que l’on est. Je suis d’un naturel qu’on pourrait qualifier d’humaniste, il me semble donc logique et spontané de percevoir cela dans ce que je produis, même si ce n’est pas systématique. Cela dit, j’aime aussi la dimension ludique et décalée de mon travail. J’ai besoin de me surprendre moi-même à travers ma recherche plastique. Les toiles que je produis n’ont pas nécessairement un message politique mais elles portent souvent, je l’espère, quelque chose d’authentique et de joyeux. Par le prisme de l’art on peut vraiment exprimer librement les différentes facettes de l’âme humaine.
A partir du 1er mai et jusqu’au 4 mai prochain se tiendra pour la deuxième année consécutive, la Foire Internationale d’Art Actuel dans les Chais en Pouilly Fumé (FIAAC en PF 2014), à Pouilly-sur-Loire.
Les vignerons participant à la FIAAC en Pouilly Fumé 2014 transforment leurs chais en galeries éphémères et présentent l’artiste qu’ils ont choisi de « défendre » tout en présentant également aux visiteurs leurs différents millésimes.
Expérience innovante née de rencontres entre Artistes et Vignerons, la première édition de 2013 a permis l’union de deux noblesses sans frontières : le Vin et la Peinture : 1 200 visiteurs, 3 000 mètres carrés d’exposition dans les chais pour les artistes, 19 artistes et 19 domaines !
Le Pouilly Fumé est un vin blanc de réputation internationale, produit à deux heures de Paris par une centaine de vignerons. Dynamiques, ils exportent leur production de l’Europe du Nord aux Etats-Unis et jusqu’à l’Asie, ce qui ne les empêche nullement de rester solidaires dans la défense de leur appellation. Depuis quelques années, des artistes sont venus s’installer à Pouilly-sur-Loire et alentours. Ils souhaitent contribuer au rayonnement artistique et économique du territoire.
Du rapprochement entre artistes et vignerons est née l’association Les Rendez-vous du Pouilly Fumé. Son ambition (louable !) : faire de la région une référence de qualité sur le plan artistique comme elle l’est déjà sur le plan viticole.
Dès que j’ai vu l’affiche, j’ai eu envie de voir cette exposition !! Une femme au teint diaphane de porcelaine, les yeux chastement baissés… mais laissant entrevoir une nudité suggestive et une volupté à peine sous-jacente…
On connaît finalement assez peu cette énergie créative anglaise de la fin du XIXème : j’avoue avoir connu et étudié Edward Burne-Jones, Dante Gabriel Rossetti ainsi que le Préraphaélisme, mouvement artistique né au Royaume-Uni en 1848 qui tient la peinture des maîtres italiens du XVème siècle, prédécesseurs de Raphaël, comme les modèles à imiter ; mais je reconnais sans complexe mon ignorance quant aux autres peintres présentés issus de la collection Pérez Simon.
Le Musée Jacquemart-André invite le grand public à découvrir les célèbres artistes de l’Angleterre de la reine Victoria au XIXème siècle, dont Sir Lawrence Alma-Tadema (1836-1912), Sir Frederic Leighton (1830-1896), Edward Burne-Jones (1833-1898) ou encore Albert Moore (1841-1893). A travers une cinquantaine d’œuvres exposées, les artistes de cette période ont en commun de célébrer le « culte de la beauté », à l’ère victorienne.
Aplats de couleur et japonisme ne suffisent en aucun cas à dépeindre son univers.. un univers où la femme séductrice représente un danger pour l’homme alors que la « maternante » le rassure et l’enveloppe..
L’insouciance de l’enfance qui irradie dans Le Ballon, ne survit pas dans son œuvre.
Progressions picturales sous tension croissent à mesure de l’avancée dans les salles de l’exposition. Je suis fascinée par la précision et le réalisme de ses (auto)portraits où chaque personnage semble vouloir s’affranchir et sortir de la toile…
Peu à peu, on pénètre dans un univers d’intérieurs bourgeois semblant a priori sans histoire… à l’exception de la posture des personnages.. subrepticement tendus et crispés, laissant entrevoir la violence sous-jacente des dissensions conjugales..
La Femme, aux visages souvent ingrats et masculinisés, y est malmenée par le peintre dont on sent qu’il en a peur malgré son désir…
Voudrait-il la posséder pour, au final, la réduire, à néant ? Serait-ce la vengeance douloureuse d’un fils privé d’amour maternel ?
La rivalité entre l’Homme et la Femme émerge fréquemment dans son œuvre, parfois en un affrontement nu corps à corps, dans un combat sans merci, comme dans Le Viol. Certaines, endormies dans une chambre ou alanguies sur un canapé, traduisent plus la Mère (rassurante), que le séductrice (dévorante). L’artiste me fait penser à Edward Hopper, peintre plus tardif du XXème siècle mais proche de cette quête de viol de l’intimité de ses personnages..
Vallotton,, par ailleurs écrivain, auteurs de romans, de pièces de théâtre et de nombreux écrits, a le sens de la mise en scène pour narrer les tensions obscures.. Il investit l’intimité de ces femmes dans leurs boudoirs, prêtes à s’abandonner à une nudité solitaire… Il les observe comme un voyeur se tenant derrière une porte… Ses gravures corrosives traduisent la part sombre de l’individu…
Peindrait la sexualité pour ne pas la vivre ? Cette exposition suscite mille questions attendant mille réponses…
Un pur moment… « hors du temps » !
Au Grand Palais, jusqu’au 20 Janvier 2014
Tous les jours de 10h à 20h, sauf le mardi
Nocturnes jusqu’à 22h le mercredi
Vernissages les 10 et 12 octobre 2013 à partir de 18h
Atelier Gustave – 36 rue Boissonade – Paris 14ème
L’Atelier Gustave (Paris 14ème) expose à partir du 8 octobre les œuvres inédites et puissantes d’un jeune peintre disparu, Alexandre Alfandari, diplômé de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris et de l’Ecole nationale supérieure d’enseignements plastiques de l’École d’art d’Avignon. Cette exposition « hommage », à découvrir jusqu’au 19 octobre, invite chacun à découvrir une véritable célébration des classiques et un plaidoyer pour un retour à la peinture : une peinture… souvent violente, perturbatrice et iconoclaste.
J’ai connu et aimé autant l’Homme que l’Artiste qui alliait dans son travail : violence et douceur, pureté et perversion, classicisme et modernité. J’aimais cette fragilité dans ce corps si grand et si fort qui m’impressionnait, ce corps semblable à la massivité d’un chêne sous lequel on aime s’abriter. J’aimais nos nombreux et éclectiques échanges exprimant cette rébellion commune face à l’inauthentique ou au trop convenu…
Quand on a connu l’Homme, on ne peut que reconnaître dans son travail, sa recherche de lui-même, ses douleurs et sa quête désespérée de perfection, souvent par le biais de chemins tortueux et détournés.
Les Femmes ont eu une place fondamentale à la fois dans sa vie et dans son œuvre : étudiées, scrutées, touchées, modelées, approchées et par dessus tout Aimées de lui, en une approche parfois pure et protectrice, souvent pornographique, rejetant en permanence la médiocrité pour n’exhaler que la Vérité.
« Sa Vérité » fut, à mes yeux, le rejet — définitif et irréversible — d’un Monde à l’insupportable et permanent Paraître…
La civilisation étrusque commence à être redécouverte avec d’importantes expositions dont celle du Musée Maillol permettant de découvrir ce peuple encore trop méconnu.
En ce qui me concerne, les Etrusques ont toujours fait partie de ma vie puisque mon pseudo « Tana » est le diminutif de mon prénom « Tanaquil » qui se trouve être, selon la tradition romaine, une aristocrate étrusque du VIème siècle av JC, épouse de Tarquin l’Ancien, premier roi d’origine étrusque et belle-mère de Servius Tullius qui lui a succédé. Tanaquil, emblème de ces femmes étrusques vraisemblablement assez émancipées, est restée dans l’histoire comme une « faiseuse de rois » et une devineresse.
En nocturne hier avec MLA, un vrai moment de grâce au Louvre en nocturne, illuminé et irradiant dans une douce nuit, pour découvrir l’exposition « Le printemps de la Renaissance, la sculpture et les arts à Florence, 1400-1460 ».
Cette (re)découverte du passage du Gothique à la Renaissance avec ses mélanges de courants traduits à travers les arts picturaux et sculpturaux illustrant le passage de l’influence de la Chrétienté à la notion de Cité, me ravissent toujours autant…
Le musée du Louvre, avec le musée national du Bargello et la Fondation Palazzo Strozzi, se penche sur la genèse de cet immense mouvement artistique et culturel porteur d’une nouvelle conception du monde qui naît à Florence au début du XVe siècle. L’exposition rassemble 140 grands chefs-d’œuvre de la première Renaissance parmi lesquelles des pièces monumentales, dans un parcours thématique qui fait rayonner autour des sculptures peintures, dessins, manuscrits, pièces d’orfèvrerie et majoliques.
Cet autre espace temps m’a permis de me replonger dans cette magnificence : douce immersion dans la plus célèbre des Renaissances de Florence qui, dans le domaine des arts, prit son envol entre la fin du XIVe siècle et le début du XVe siècle avec Ghiberti, Brunelleschi, Donatello, puis, peu de temps plus tard, Masaccio. Cette « renaissance », fortement imprégnée de l’Antiquité grecque et romaine progressivement redécouverte au XIIIe et au XIVe siècle, se déploie parallèlement au crépuscule du style gothique. Les deux influences s’entrecroisent : raideur et hiératisme du gothique cédant progressivement le pas aux ondulations de la renaissance et l’accès à une nouvelle « perspective » picturale et architecturale.
« L’hyper-chrétienté », présente dans toute l’iconographie gothique, laisse aussi peu à peu la place à la dimension forte, laïque, de la Cité, personnifiée par la ville de Florence. Ainsi, la sculpture publique monumentale – notamment les œuvres de Donatello, Ghiberti, Nanni di Banco, Michelozzo – constitue le premier témoignage de ce nouveau courant créateur qui exerça une profonde influence sur les plus grands peintres tels Masaccio, Paolo Uccello, Andrea del Castagno ou Filippo Lippi.